L’entretien et l’utilisation appropriés des EPI (équipements de protection individuelle) sont essentiels pour assurer leurs longévité et efficacité. Chaque type d’équipement, qu’il soit textile ou métallique, nécessite une attention spécifique.
La réglementation des EPI utilisés en escalade ou en alpinisme (corde, casque, baudrier, broche à glace…) est encadrée par des normes strictes, établies pour assurer la sécurité maximale des utilisateurs.
En Europe, les EPI sont régis par la norme EN 365, qui stipule les exigences générales pour les instructions d’utilisation, le marquage, l’emballage, ainsi que pour la maintenance, le contrôle périodique, la réparation, le remplacement et la destruction.
En prime, chaque type d’EPI est soumis à des normes spécifiques.
Il est donc crucial pour les gérants de matériel des clubs de montagne ou d’escalade de se conformer à ces directives pour garantir non seulement la conformité légale, mais surtout la sécurité des grimpeurs.
Les 6 étapes de la gestion et de l’entretien des EPI dans un club de montagne ou d’escalade
La gestion du matériel commun dans un club de montagne se compose de 6 étapes :
- identifier un responsable du matériel ;
- lister le matériel ;
- faire un contrôle de routine à chaque utilisation ;
- faire un contrôle complet au moins une fois par an ;
- tenir un registre « Matériel » permettant un suivi des matériels concernés ;
- informer les utilisateurs.
1. Identifier un responsable du matériel
Un responsable (ou contrôleur) doit être désigné pour gérer le matériel.
Cette personne doit être compétente et (le plus souvent) titulaire d’une formation reconnue par la Fédération des clubs de montagne ou des clubs alpins. Elle connaîtra les normes et sera capable de vérifier l’état du matériel.
2. Lister le matériel
Chaque pièce de matériel détenue par le club doit être facilement identifiable, soit individuellement (exemple : 1 corde verte 8,5 cm – marque BÉAL – modèle OPERA), soit par lot (exemple : 5 dégaines bleues 11 cm – marque SIMOND – modèle KLIMB).
Cette étape est incontournable pour permettre un suivi précis.
Pour faciliter cette identification, réalisez un marquage par différents moyens (étiquettes, encre, autocollants, etc.), selon le type de matériel.
Vous pouvez, par exemple :
- Pour les cordes, utiliser un marqueur spécialement conçu. Vérifiez bien la compatibilité entre votre marqueur et votre corde, car certaines encres peuvent décomposer les fibres de la corde, ce qui rend votre corde potentiellement dangereuse.
- Pour les éléments métalliques (mousquetons, dégaines, broches, piolet…), utiliser un vernis de couleur (type vernis à ongle) ou du ruban adhésif (type chatterton).
- Pour les casques, le marquage peut se faire au marqueur (sans solvant) et, de préférence, à l’intérieur de la calotte pour le protéger.
- Pour les baudriers et crampons, marquer l’extrémité d’une sangle (partie non fonctionnelle) avec de la peinture.
3. Faire un contrôle de routine à chaque utilisation
Avant et après chaque utilisation du matériel, un contrôle de routine doit être effectué pour détecter toute détérioration ou tout défaut.
Exemple d’un contrôle de routine sur une corde d’escalade
Avant l’utilisation | Après l’utilisation |
Déroulez complètement la corde sur une surface propre pour vérifier sa longueur entière. Recherchez les signes de coupure, d’effilochage, de zones usées ou de brûlures sur la gaine.
Passez la corde entre vos mains sur toute sa longueur pour sentir des anomalies comme des bosses, des zones plus molles ou plus dures, indiquant des dégâts internes ou une usure inquiétante.
Pliez légèrement la corde en différents points pour vérifier sa flexibilité. Des changements dans la flexibilité peuvent indiquer des dommages internes. |
Enlevez de la corde les particules de saleté, le sable ou les petits cailloux, car ils peuvent l’endommager lors de son utilisation.
Répétez les étapes d’inspection visuelle et tactile pour identifier toute nouvelle détérioration qui aurait pu se produire pendant l’utilisation.
Faites sécher la corde (notamment après une utilisation en cascade de glace ou en alpinisme). Pour sécher, exposez les cordes à l’air ambiant, loin de la lumière directe du soleil, puisque les ultraviolets peuvent accélérer leur détérioration. Laissez sécher pendant au moins 48 heures, et si nécessaire, prolongez le séchage d’un ou deux jours supplémentaires.
Rangez la corde dans un endroit sec et ventilé. |
4. Faire un contrôle complet au moins une fois par an
Un contrôle complet doit être réalisé au moins annuellement. Ce contrôle est plus approfondi et inclut à la fois les vérifications de routine et des inspections complémentaires pour évaluer l’état global du matériel.
L’objectif de ce contrôle complet est triple, il permet de :
- vérifier l’état d’usure du matériel et de noter les observations faites ;
- vérifier sa conformité aux normes (par exemple : s’assurer qu’on n’a pas dépassé la date de fin d’utilisation prévue par le fabricant) ;
- prévoir la mise au rebut et le renouvellement.
Un examen complet doit également être réalisé après des événements exceptionnels (comme des chutes sévères).
Ces inspections permettent d’identifier les signes d’usure, les défauts potentiels et les dommages qui pourraient compromettre la sécurité. Une documentation précise de ces contrôles est essentielle pour assurer conformité et traçabilité.
5. Tenir un registre « Matériel » permettant un suivi des matériels concernés
Un registre doit être tenu à jour. Il contient les fiches de vie de chaque équipement, les notices du fabricant, les dates d’acquisition, l’état à l’acquisition, les dates de mise en service, les remarques d’utilisation, l’historique des contrôles et des réparations, et toute autre information pertinente.
Ce registre aide à surveiller l’état du matériel, à organiser les vérifications régulières, et à décider quand remplacer le matériel si nécessaire.
La bonne tenue de ce registre est la pierre angulaire d’un bon système d’entretien des EPI au sein d’un club de montagne ou d’escalade.
6. Informer les utilisateurs
Les utilisateurs doivent être informés des conditions d’utilisation et d’entretien du matériel. Ils doivent avoir accès aux notices d’utilisation, aux certificats de conformité, et être capables de réaliser eux-mêmes les contrôles de routine.
Au retour du matériel, les utilisateurs ou encadrants doivent signaler toute chute importante, tout événement exceptionnel ou tout défaut constaté. La signature d’un formulaire permet de formaliser cette étape.
Consignes spécifiques pour entretenir des EPI
Ce tableau récapitule certaines consignes spécifiques pour l’entretien des équipements de protection individuelle (EPI) utilisés en montagne. Veuillez cependant noter que ces recommandations sont importantes mais non exhaustives, et il convient de se référer aux manuels d’utilisation spécifiques de chaque équipement pour des instructions complètes.
Matériel | Consignes spécifiques pour entretenir des EPI |
Cordes | Vérifiées régulièrement pour détecter usure ou dommage. Laver les cordes. |
Baudrier | Inspections minutieuses des coutures et des points d’attache. |
Casque | Ne pas comprimer latéralement lors du stockage ou du transport
(risque de déformation ou de fissures). |
Dégaines | Contrôle de l’état, du fonctionnement, et de l’usure. |
Mousqueton | Enlever les impuretés, rincer à l’eau claire, lubrifier les parties mobiles si besoin. |
Broches à glace | Vérifier l’affûtage et faire affûter le lot par un professionnel.
C’est un point essentiel pour assurer la sécurité du grimpeur en cascade de glace ou de l’alpiniste. |
Piolet | |
Crampons |
Que retenir pour entretenir des EPI correctement ?
Les 2 erreurs à éviter pour entretenir des EPI sont certainement la dilution de la responsabilité et l’absence d’un historique écrit et compréhensible.
Aussi, les 6 étapes que nous vous avons présentées permettent d’éviter ces écueils et réduisent au maximum les risques de confusion ou de manque de vigilance.
Entretenir des EPI au sein des clubs de montagne et d’escalade est une tâche essentielle. Elle garantit la sécurité des adhérents, mais elle permet aussi de prolonger la durée de vie du matériel.
Source : https://www.ffme.fr/wp-content/uploads/2019/09/recommandation-epi.pdf
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